En matière de transition, la petite ville de Loos-en-Gohelle (Nord) fait figure de pionnière. Et pour cause. “Notre territoire est situé en plein bassin minier et, à la fin des années 70, l’exploitation du charbon régresse fortement et les mines ferment”, raconte Julian Perdrigeat, directeur de cabinet de la ville entre 2014 et 2020. Un choc pour de nombreux habitants, pour qui l’exploitation minière est une part entière de leur identité. “Face à ce sinistre, des habitants et élus se sont posés cette question : quel avenir voulons-nous ?” Parmi ces pionniers, Marcel Caron, ancien maire de Loos-en-Gohelle, imagine un avenir culturel pour ces mines et leur histoire.
Mais la proposition a du mal à convaincre. “Il a fallu faire comprendre à la population qu’elle n’était pas attachée à la production minière en tant que telle, mais à l’histoire minière, aux liens de solidarité, à l’histoire collective qu’elle représente. Et que cette histoire et ce qui l’entoure est valorisable par la culture, que c’est à la fois un patrimoine local, mais aussi mondial”, reprend Julian Perdrigeat. En 1984, la commune organise son premier évènement culturel mettant à l’honneur son histoire minière : le festival des Gohelliades. “Cet évènement servait de fondement pour recréer des liens, de la confiance et une dynamique de projet entre tous les acteurs locaux.”
Et près de 50 ans plus tard, force est de constater que cela a fonctionné. “Autrefois ces terrils, c’était des décharges à ciel ouvert. Et aujourd’hui tout ça c’est du patrimoine mondial. Alors qu’est ce qu’on a changé ? Le regard !” lance fièrement l’ancien directeur de cabinet. Un changement de regard qui a valu à la petite ville d’être reconnue en 2014 par l’Ademe “démonstrateur de la conduite de changement vers la ville durable” pour ses nombreux projets en faveur de la transition écologique. « Ce changement de vision - qui a été un long processus ! - il a aussi permis d’emmener des enjeux de transition dans un développement de territoire. Nous avons fait le choix ensemble, acteurs locaux, élus et citoyens, d’utiliser le choc de la fermeture des mines comme une opportunité pour nous reconstruire, conclut Julian Perdrigeat. Maintenant chez nous les spécialités reconnues c’est la mine, le pâté des rois et le RC Lens ! Et chez vous, c’est quoi ?”